Point de vue de Loris Petris sur l’arrivée du numérique dans sa profession d’historien : les avantages et les inconvénients

La semaine dernière, je vous ai présenté le premier article sur l’interview que j’ai mené avec Loris Petris, professeur en littérature à l’université de Neuchâtel et chercheur en histoire des idées à la Renaissance. Il a permis de présenter l’enseignant et son usage du numérique au sein sa profession. Ici, il sera question de vous partager son point de vue sur les avantages et les inconvénients que procurent Internet et le numérique au métier d’historien.

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Loris Petris lors du « Tchat des Master » organisé par l’Université de Neuchâtel

Les avantages du numérique selon Loris Petris

Quatre points importants sont ressortis de notre discussion :

  • Internet est utile car il donne accès à un immense volume de données plus ou moins importantes. L’informatique permet en outre au chercheur de transporter avec lui ses documents et sa bibliothèque numérique, sur son ordinateur.
  • La numérisation des documents est également indispensable à Loris Petris : les OCR (Reconnaissance Optique de Caractères) ont considérablement progressé ces dix dernières années, et permettent désormais de faire des recherches plein texte dans des imprimés anciens, ce qui pallie l’absence d’index. « Encore faut-il savoir sous quel(s) terme(s) chercher le concept qui nous intéresse ! Ici encore, rien ne remplace la lecture intégrale et minutieuse des documents et la capacité à se poser les bonnes questions » précise-t-il.
  • La pertinence de l’outil : pour lui, Internet peut être vraiment efficace s’il est utilisé avec soin et attention, sans en faire la panacée. L’informatique peut devenir un inconvénient et ne remplace pas tout, surtout quand on sait que la durée moyenne de vie d’un document informatique est estimée à 3-4 ans !
  • Les moteurs de recherche : il me cite en exemple la recherche « plein texte » sur le site archives.org qu’il utilise beaucoup, « c’est un outil fabuleux ! », qui pallie souvent l’absence d’index, ou encore le moteur de recherche interne à l’ordinateur qui permet de faire nos recherches dans tous nos fichiers. Il m’indique Spotlight pour Mac qu’il utilise au quotidien.

 

Les limites et les inconvénients du numérique selon le professeur

  • Les sources : Loris Petris insiste sur le fait qu’on ne trouve pas tout sur Internet et que les véritables sources sont l’original papier. De plus, les sources numériques sont disponibles dans une qualité limitée, qui n’est pas forcément la meilleure. Ainsi rien ne vaut la version originale ! « Les bibliothèques numériques recréent une bibliothèque d’Alexandrie virtuelle, les archives numérisées facilitent l’accès au document, mais la plus grande partie des archives mondiales ne sont pas évidemment pas digitalisées, même si de vastes projets existent, comme le « Venice Time Machine » »
  • La dépendance linguistique : de plus en plus de personnes font des recherches via des moteurs de recherche dans leur langue et se créent automatiquement une barrière. Loris Petris parle de « barrière linguistique » puisqu’en ne se limitant qu’à sa langue natale (ou à un seul moteur de recherche), on se prive d’une quantité importante de sources. D’ailleurs, il m’a indiqué qu’on croit accéder à des ressources mondialisées alors qu’on est toujours limité par la(les) langue(s) de notre recherche. Or, justement en histoire, il faut chercher dans les autres langues. A plusieurs reprises, il m’a cité l’exemple de l’allemand qui est de moins en moins enseigné en France. La bibliographie germanophone est ainsi rarement utilisée dans les études historiques françaises. Il y est sensible car il enseigne dans un pays quadrilingue où l’allemand est la première langue nationale.
  • La pérennité des logiciels et des documents : des nouvelles versions de logiciels apparaissent souvent et il n’est alors plus possible de lire d’anciens documents numériques. C’est ce qui lui est arrivé avec les fichiers de sa thèse de 1998-2000, qui sont devenus  illisibles puisque le fichier n’est plus compatible avec le logiciel actuel.
  • La pertinence de l’outil : comme expliqué dans les avantages, le numérique peut également être mal utilisé et ainsi ne pas être performant voire devenir une entrave. C’est le cas par exemple d’un Power point qui ne révèle aucune utilité si l’on indique dessus ce qu’on l’on dit mot pour mot à l’oral. Son utilité est d’apporter quelque chose au discours, comme un visuel, une plus-value par rapport à la seule communication orale.
  • Le temps passé sur les logiciels, notamment sur les bases de données. Ça lui a pris énormément de temps lorsqu’il en avait créé et il a parfois abandonné le projet de création d’une banque de données.

 

Loris Petris distingue presque autant d’avantages que d’inconvénients sur l’arrivée du numérique dans son métier. C’est ainsi un avis mitigé sur ses bienfaits que nous détaillerons la semaine prochaine dans un dernier article. A bientôt !

Relire le premier article : « Point de vue de Loris Petris sur l’arrivée du numérique dans sa profession d’historien : son usage professionnel »

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